WEEKEND NATURE IN THE MABIRA FOREST

07/07/2014 11:05

Ce weekend nous avons fait le pein de nature dans la forêt de MABIRA : nous avons campé sur un site magnifique au beau milieu de la forêt tropicale, bercés par le doux chant des oiseaux...

Située entre Kampala et Jinja, cette réserve d'environs 30 000 ha est protégée depuis 1932. Selon la National Forest Authority (NFA), elle abrite 312 espèces d'arbres, 287 espèces d'oiseaux et 200 papillons. La forêt est également peuplée de chauves-souris frugivores ainsi que de nombreux singes tels que le cercopithèque ascagne ou singe à queue rouge que nous avons pu voir lors de nos ballades.

Une dizaine de sentiers permettent de partir à la découverte de ce sanctuaire écologique ilôt de biodiversité dans une partie de l'Ouganda où les cultures et constructions se développent à grande vitesse. En effet, cette forêt a déjà perdu plus de 25% de sa superficie au profit des plantations de canne à sucre qui s'étendent à perte de vue aux alentours de la forêt. Elle est actuellement constamment menacée de disparition depuis l'annonce faite par le gouvernement en 2011 de céder une importante parcelle à une société indienne spécialisée dans la culture de canne à sucre, ce projet étant proposé comme solution pour réduire le déficit en sucre du pays. Entre nous, ce fameux déficit en sucre vient certainement de l'explosion de la consommation et donc de la fabrication de sodas en Ouganda et la solution serait peut-être d'arrêter d'inciter par la publicité ce genre d'habitudes alimentaires désastreuses pour la santé et d'informer la population sur les méfaits du sucre!!! Pour en revenir à la forêt, un bras de fer est engagé entre écologistes et populations locales d'un côté et le gouvernement et les exploitants de canne à sucre de l'autre. Pour l'instant le projet est suspendu et nous verrons plus loin que la culture et la transformation de la canne à sucre posent déjà de sérieux problèmes environnementaux...

Mais pour l'instant voici une petite présentationde de notre campement et des très belles randonnées que nous avons pu faire :

Nous avons été accueilli très chaleureusement par Juliet qui s'occupe du Griffin Falls Campsite. Elle nous a bien aidé à monter cette nouvelle tente 5 places très spacieuse !

Voici la douche, un peu rudimentaire mais très économique en eau et bien rafraîchissante ! Nous avions une bassine remplie avec de l'eau de pluie, un verre et hop c'est parti ! Les gars sont plus sensibles que les filles à l'eau froide chez nous...

Le soir, dîner au coin du feu pour éviter les moustiques et s'éclairer un peu. Quentin, Mairanne et Axel se sont découverts une passion pour le feu et se sont régalés de bananes grillées !

Puis couchage tous les 5 dans le dortoir : difficile de s'endormir au début avec tant de bruits inconnus venant de la forêt ! C'était bien rassurant ce petit cocon ...

Pendant ces 2 jours, nous avons aussi fait 2 randonnées :

- une petite d'1H30 pour aller voir la petite cascade Griffin

- une autre de 3H30 le lendemain matin pour découvrir les communautés locales et la forêt avec un guide.

Nous avons expliqué aux enfants les menaces pesant sur la forêt et complètement révoltés, ils se sont transformés en gardiens de la forêt !

Impressionnants, non ?

Puis nous avons trouvé une balançoire naturelle faite de lianes très solides. Tout le monde a joué à Tarzan et nous aurions pu y passer l'après-midi !

Nous sommes arrivés à la cascade Griffin et une forte odeur de mélasse nous a submergés : il s'agit des effluents déversés dans la rivière Musamya par l'usine de canne à sucre de la Sugar Corporation of Uganda. Quel spectacle : une eau toute marron et mousseuse, sans parler de l'odeur ! Nous avons aussi pu observer que sur les berges de la rivière, certaines plantes  meurent au contact de l'eau car ces effluents sont apparemment chargés de pesticides.

Cours sur l'environnement par Olivier : mais que fait le gouvernement ougandais ? ici il n'y a aucune norme, les entreprises font ce qu'elles veulent... Il paraît que pour régler le problème, une usine de production d'engrais va être construite afin d'utiliser ces résidus de fabrication de sucre de canne. Cela fait déjà plusieurs années que cela a été annoncé et les communautés locales attendent toujours et ne voient rien venir !

Le lendemain matin, départ avec notre guide Richard qui connaît parfaitement bien la forêt.

L'écorce de cet arbuste sert de ficelle ultra résistante notamment pour transporter un tas de bois sec rammasé dans la forêt.

Voici une maison typiquement locale faite d'une armature en bois de petite section remplie de terre. Le procédé est simple: on plante d'abord des piquets de la hauteur souhaitée (environ 2m), perpendiculairement au sol et tous les 15-20cm. Ensuite, on tresse des petits bois horizontalement, séparés de 10cm chacun. Une fois cette armature réalisée (sur laquelle une charpente et le toit peuvent être placés), les murs sont simplement remplis de terre mouillée par projection, des deux côtés du mur. Pour les plus riches (ou courageux), un enduit  terre ou à la chaux peut être ajouté, donnant alors un aspect plus lisse et plus fini, et un mur qui sera plus résistant au temps. Ce type de construction se rencontre partout en Afrique, en particulier dans les zones forestières d'Afrique de l'ouest et centrale. 

Les populations un peu plus riches ont tendance à fabriquer plutôt des briques pour remplacer ce système traditionnel, permettant des constructions plus lourdes et plus durables. Malheureusement, si les briques sont en terre compressée comme nous avions fait à St Lambert, elles sont systématiquement cuites pour augmenter leur résistance, ce qui pose de gros problèmes de déforestation car bien sûr, elles sont cuites au feu de bois. On ajoutera une photo prochainement pour vous montrer!

Quand les gens sont encore plus riches, ils achètent des parpaings. Le gros problème, c'est que 1/ le ciment utilisé nécessite beaucoup d'énergie pour être produit (tout comme chez nous d'ailleurs...), mais surtout 2/ il faut des quantités importantes de sable. Et chose assez méconnue, le sable est une denrée assez rare en Afrique, et sa collecte pose d'énormes problèmes d'érosions dans les rivières ou sur les plages. Le sahara pourrait en exporter, mais c'est trop lourd à transporter! 

Une solution très intéressante consiste donc à utiliser la terre, mais additionnée de 5% de ciment (ou de chaux, selon la nature de la terre). De cette manière, on peut fabriquer des briques très durables dans le temps. Mieux, il existe aujouud'hui des presses à briques (manuelles ou motorisées), dites "automatiques": les briques ont une forme qui leur permet de s'emboîter très simplement, ce qui évite de mettre du mortier entre chaque brique, et permet à des gens peu formés de fabriquer des murs droits et solides. Voyez les exemples ici. Des batiments de plusieurs étages sont fabriqués de la sorte, à un coût inférieur de 50% et au bilan CO2 imbattable!

Photo prise par Olivier en SIerra Leone, dans le parc national de Gola, en décembre 2013. C'est beau en plus!

Et ici un film réalisé en Indonésie, après le Tsunami: https://www.youtube.com/watch?v=ZY-217rGpgs

Plus loin, nous avons rencontré les habitants du village rentrant de la "corvée d'eau" ! Tous les jours, cette tâche revient aux femmes et aux enfants qui sont déjà capables de porter un gros bidon sur leur tête pendant plusieurs kilomètres. La plupart des ougandaises ont ainsi la charge de subvenir aux besoins du foyer car elles gèrent les approvisionnements en eau, en bois pour cuisiner et bien-sûr en céléales et légumes qu'elles cultivent dans les champs tout en éduquant leurs enfants et en s'occupant d'un petit commerce à côté. On comprend mieux pourquoi les aînés ont très souvent la charge des plus jeunes...

Dans la forêt, c'était l'aventure : grimper sur les troncs d'arbres, traverser la rivière sur un pont improvisé, escalader les arbres.

D'ailleurs une structure de tyroliennes dans les arbres vient d'être installée : the Mabira Forest Canopy Zip-Line Super Skyway. Très impresionnantes ces plateformes à 20m de hauteur !

Nous avons fini notre weekend par une pause au Rainforest Lodge, un très bel hôtel proposant des bandas tout en bois , une salle de restaurant avec vue imprenable sur la forêt et une très belle piscine bien fraîche que nous avons bien appréciée ! L'accueil cependant fut vraiment très froid, bien moins agréable que dans notre petit camping rudimentaire mais chaleureux ...